Article du Progrès : https://c.leprogres.fr/sport/2022/10/26/un-pilote-paraplegique-italien-forme-a-la-voltige-en-une-semaine
C’est un défi humain un peu fou qui a été relevé à l’aérodrome de Planèze par Claude Roux, instructeur de voltige à l’aéro-club : former en une semaine un pilote paraplégique italien à une qualification de voltige européenne. Mission accomplie avec brio pour les protagonistes de ce pari.
Ancien pilote de ligne, Claude Roux a fait partie de l’équipe de France de voltige de 1986 à 1988. Il affiche un palmarès éloquent de participations aux championnats de France, d’Europe et du monde de voltige, plus un titre de vice-champion de France. Attaché à l’aéro-club de Planèze, il est une référence en matière d’instruction à la voltige et est aussi qualifié pour la formation de personnes handicapées qui souhaitent obtenir leur brevet.
Paolo Pocobelli, 51 ans, a perdu l’usage de ses jambes lors d’un accident de parachutisme il y a trente ans. Resté passionné d’aviation, il a obtenu aux USA son brevet de pilote professionnel qui lui permet d’instruire chez lui à Vérone de futurs pilotes de ligne italiens. Il ne lui manquait plus que le diplôme de voltige, nécessaire professionnellement pour attester de la capacité d’un pilote à se sortir de situations délicates (vrilles, etc.).
« On a tout donné tous les deux pendant une semaine »
« Pendant sept jours, je l’ai formé pour lui faire passer sa qualification de voltige européenne, la FCL 800, afin qu’il soit en règle avec l’Aviation civile », relate Claude Roux. « Dans l’avion, nous avons échangé en anglais et nous nous sommes mis en marche forcée pour tout boucler dans les temps : briefings, 4 vols par jour, 10 heures de vol et 3 heures de vol en solo pour Paolo. En plus de l’instruction voltige proprement dite, il a fallu qu’il prenne en main son nouvel avion français de voltige, un Cap 10 BK certifié et adapté à son handicap. C’est une machine délicate, équipée d’un malonnier pour lui et d’un palonnier de mon côté. »
Pascal Decombe, président de l’aéro-club, a mis le tarmac de Planèze à la disposition des deux hommes : « Élève et instructeur ont fait preuve d’un professionnalisme et d’une détermination remarquables. Je suis vraiment heureux d’avoir vu cette opération aboutir avec succès. »
Claude Roux complète : « L’instruction des pilotes handicapés est une tâche particulière. Il y a quelques écoles en France. Paolo n’était pas mon premier élève car j’ai été l’instructeur de Dorine Bourneton, la première femme en situation de handicap au monde pilote de voltige aérienne, et de son compagnon, Guillaume Féral. Paolo Pocobelli est un de leurs amis à qui ils m’ont recommandé. On a tout donné tous les deux pendant une semaine. Si on n’avait pas réussi, on aurait vraiment été très déçus. »
La conclusion revient à Paolo, qualification en poche : « Je suis venu chercher un brevet et je repars avec un brevet et un ami ».
Saint-Chamond – La détermination de Paolo Pocobelli
Impressionné par la détermination de son élève, Claude Roux raconte : « Il y a deux ans, au cours d’un vol d’instruction au-dessus du lac de Garde, l’avion de Paolo a connu une panne moteur et il a dû le poser dans la rivière qui alimente le lac, de l’eau à 6 °C. Bien que blessé à un bras et ne pouvant pas se servir de ses jambes, il a réussi à sortir du cockpit pour s’apercevoir que son passager, pourtant valide, était coincé et en train de couler avec l’avion. Paolo a alors replongé dans l’eau glacée pour le sortir de là. Saisi par l’hypothermie et trop faible pour rejoindre la berge avec un seul bras, il était sur le point de flancher lorsque son passager qu’il venait de sauver l’a hissé sur la berge. Paolo a reçu en Italie une médaille pour son acte d’héroïsme mais il tient absolument à ce qu’on retienne que le sauvetage a été double grâce à une belle entraide humaine. »